E


E muet: En poésie, on appelle E MUET le -E, lorsqu’il est la dernière lettre du mot. Il:
- se prononce s’il est suivi d’une consonne ou d’un h aspiré:
Ex: «Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu»
- s’élide (ne se prononce pas) lorsqu’il est suivi d’une voyelle, d’un h muet, ou lorsqu’il se trouve en fin de vers: Ex: «C’est un trou de verdur(e), où chant(e) une rivièr(e)»

ECHOIR : être destiné à.

ECHOLALIE: variété de palilalie ou de palimphrasie qui consiste à répéter le dernier mot ou la dernière phrase de l’interlocuteur.

EDITIONNER : marquer un volume du numéro de son tirage et de son édition. (Th. Prellier, Petit dictionnaire de mots rares.)

EGLOGUE : n.f : petit poème pastoral.

EIDETIQUE : adj : se dit d’images vives et détaillées les yeux fermés, d’une netteté hallucinatoire.

EKPHRASIS: représentation en mots d’une réalité visuelle. Cf. HYPOTYPOSE.

ELARGISSEMENT, cf. STROPHE.

ELEGIE : du latin « elegia », de « elegos » : chant de deuil : l’élégie est un genre qui naît en France au XVIè siècle. Dans la poésie gréco-latine, ce mot caractérise d’abord l’emploi d’une forme métrique : le distique élégique, avant de référer au genre poétique lui-même, qui traite de sujets variés ayant en commun leur caractère mélancolique, en particulier les émotions – joies mais surtout peines – nées de l’amour. » Atlande / Labé, p.237.
Genre qui se définit par un ton plaintif, mis à la mode par Marot. Cf. P.75-76 Atlande/ L. Labé: l’élégie est difficile à distinguer de l’épître (voir les Héroïdes d’Ovide). Thomas Sébillet, dans son Art Poëtique François, distingue l’épître, ouverte à des sujets et des tons variés, de l’élégie, définie comme un genre de nature “triste et flébile” (c’est-à-dire plaintif), et traitant “singulièrement les passions amoureuses.” Il recommande aux jeunes poètes: “Prends donc l’élégie pour épître amoureuse: et la fais de vers de dix syllabes toujours [...en] rimes plates ».

ELISION : suppression du « e » final d’un mot, lorsque celui-ci est suivi d’une initiale vocalique ou d’un « h » aspiré.

ELLIPSE : omission syntaxique ou stylistique d’un ou plusieurs mots que l’esprit supplée de façon plus ou moins spontanée. (Art du sous-entendu). / Dans un récit, une ELLIPSE TEMPORELLE ou NARRATIVE consiste à passer sous silence les événements se déroulant pendant un certain temps, avant de reprendre le fil du récit.

ELOQUENCE : se répartit en trois genres, selon la rhétorique ancienne : le DEMONSTRATIF (épidictique), le DELIBERATIF et le JUDICIAIRE.

EMBRAYEURS, cf. DEICTIQUES.

EMBRAYEURS D’ISOTOPIE : « termes pivots » (Kerbrat-Orecchioni), généralement polysémiques, qui assurent le passage sans rupture d’une isotopie à l’autre, et la cohésion sémantique de l’énoncé.

EMPHASE : exagération, soit dans le ton, soit dans les termes employés. / Tous les procédés de mise en relief et d’insistance : cf. DISLOCATION, EXTRACTION…

E MUET, cf. E

ENALLAGE, n. f: cas particulier de métonymie, qui « ne peut consister en français que dans l’échange d’un temps, d’un nombre ou d’une personne, contre un autre temps, un autre nombre ou une autre personne. » P. Fontanier (p.293). (ex : présent de narration, futur es historiens, vous de majesté…)

ENCLITIQUE : mot dépourvu de ton qui a la propriété de prendre appui sur un mot précédent, porteur du ton, et s’unit avec lui dans la prononciation. (ex : « ce », dans « qu’est-ce ? »)

ENJAMBEMENT : débordement de la phrase par rapport au cadre métrique, sans effet de mise en relief d’un élément précis.

ENNEASYLLBE : vers de 9 syllabes, de césure variable : 3//6, 4//5, 5//4.

ENONCE : phrase effectivement prononcée, engagée dans une situation d’énonciation singulière, évoquant un contenu notionnel, l’énonciateur manifestant son attitude à l’égard de ce contenu. / Plus simplement, un énoncé est un message oral ou écrit.
On dit qu’un énoncé est ancré dans la situation lorsqu’il n’y a aucun décalage entre ce qu’une personne dit ou écrit, et le moment où elle le dit ou l’écrit. C’est le cas des lettres, des dialogues, ou des discours.
On dit qu’un énoncé est coupé de la situation d’énonciation lorsqu’un certain temps s’est écoulé entre ce qu’on raconte, ce dont on parle, et le moment où l’on en parle (ou écrit). C’est le cas de récits (romans par ex) au passé.

ENONCE OCCURRENCE : application d’un énoncé particulier à une situation particulière.

ENONCE TYPE : énoncé qui se fonde sur des vérités d’ordre général.

ENONCIATION : « mise en fonctionnement de la langue par un acte individuel d’utilisation » (Benveniste) : appropriation de la langue par un locuteur dans un échange avec un allocutaire. / La situation d’énonciation est l’ensemble des circonstances dans lesquelles un énoncé est produit. Pour la connaître, il faut répondre aux questions: Qui parle? À qui? Quand? Où? Pourquoi?

ENTELECHIE : abstraction.

ENTER : greffer (en insérant un scion, une jeune branche).

ENTHYMEME : le syllogisme argumentatif de la rhétorique, toujours incomplet. (Pas forcément en trois propositions). (Forestier, p.26)

EPANALEPSE : répétition au début d’une phrase d’un terme qui ouvrait la phrase précédente.

EPANAPHORE : anaphore présentant la « reprise exacte, en la même place syntagmatique absolument initiale, des mêmes éléments » (Molinié, cité dans Atlande / Labé, p.268)

EPANODE : répétition au début et au milieu, ou au milieu et à la fin, du même terme ou de la même expression, pour la développer, l’expliquer.

EPANORTHOSE : retouche corrective : action de revenir sur ce que l’on dit, soit pour le nier, soit pour le renforcer, soit pour le préciser.

EPENTHESE : figure de diction : insertion d’une lettre dans un mot. (ex : « merdre », Ubu, Jarry).

ÉPICÈNE (é-pi-sê-n'), adj. Littré : Terme de grammaire. Qui désigne indifféremment l'un ou l'autre sexe : par exemple enfant, qui sert à désigner un garçon et une fille, est un nom épicène. Renard, perdrix, qui se disent du mâle et de la femelle, sont aussi des noms épicènes. Etymologie : Epikoinos, de epi, et koinos, commun. // se dit d’un adjectif qui ne présente pas de différence morphologique au masculin et au féminin, ou d’un nom qui désigne aussi bien le mâle que la femelle d’une même espèce. (Ex : la souris, le rat).

EPICISATION : « Introduction, dans le théâtral, de techniques issues du roman, de l’épopée. » (Marie Bernanoce : Ecrire et mettre en espace le théâtre, Delagrave, p.35).

EPIDICTIQUE : DEMONSTRATIF : l’un des rois genres de l’éloquence.

EPIGRAMME, N. f : courte pièce en vers qui se termine par un mot ou un trait piquant.

EPIPHONEME : figure de pensée : formule synthétique, parfois au début, le plus souvent à la fin d’un ensemble, qui se présente souvent comme une « réflexion courte et vive » (Fontanier), de forme sentencieuse, et donc amovible. (ex : les morales des fables).

EPIPHORE : répétition du même terme en fin de syntagme. Cf. CONVERSION, vs. ANAPHORE.

EPIPHRASE : figure de pensée : addition d’un commentaire explicatif, d’une réaction affective, qui s’articulent avec ce qui les précède, et qui ne sont pas sémantiquement détachables.

EPITASE : dans la division aristotélicienne en trois parties de la tragédie, c’est la deuxième partie : les péripéties, l’avancement ou progrès, quand les affaires tombent en difficulté entre peur et espérance. Cf. la PROTASIE et la CATASTROPHE (Peletier, Art poëtique, cité par M-C.Canova, dans La Comédie).

EPISTEMIQUE : cf. MODALITE.

EPISTOLIER, -ère : auteur de lettres.

EPITAPHE, N. f : inscription funéraire.

EPITHALAME : n. m : poème composé à l’occasion d’un mariage, en l’honneur des nouveaux mariés (Petit Robert).

EPITHETE, n. f : adjectif adjoint à un nom sans y être relié par un verbe. Elle peut être « liée » au nom, ou « détachée » du nom, par un ou plusieurs mots ou par une virgule.

EPITHETE DE NATURE ou HOMERIQUE (i.e. intrinsèque) : se dit d’une caractérisation dénotant une propriété inaliénable, intrinsèque. / Le sujet pose la qualité comme propriété essentielle, inaliénable et de définition de l’objet. On la rencontre avec des noms propres (ex : le bouillant Achille, l’industrieux Ulysse). Peut servir à une qualification métonymique (ex : la blanche colombe).

EPÎTRE : lettre, missive écrite par un auteur ancien. Lettre en vers sur des sujets variés (Boileau). Cf. différences avec l’ELEGIE.

EPITROCHASME : figure de construction : suite de termes brefs, dans une structure à éléments de même rang (juxtaposés ou coordonnés). (Ex : Marches, courses, arrêts, violences, efforts.) Il en résulte une amplification. Poids sémantique accru.

EPOPEE : long poème narratif découpé en chants, comportant une large part de discours et de dialogues, mettant en scène des héros et des dieux, recourant à un merveilleux païen, susceptible de transmettre un savoir, et composé dans un style élevé. (Atlande / Chanson de Roland, p.37) Le style épique doit magnifier l’histoire, en suivant le modèle homérique et son imitation virgilienne, et en ayant recours aux figures comme la COMPARAISON, l’HYPERBOLE ou l’EPITHETE HOMERIQUE. (p.47)

EPIZEUXE ( = REDUPLICATION, CONDUPLICATION) : redoublement dans le même membre de phrase, de quelques mots d’un intérêt plus marqué. (Ex : « Le Rhin, le Rhin est ivre où se mirent les vignes. » Apollinaire)

EQUIVOCATION (à vérifier) : du latin aequivocatio : utilisation d’un même mot avec des significations différentes. (ex : Chansons 18 et 30 de Pétrarque).

EROTOMANIE : 1. Obsession caractérisée par des préoccupations d’ordre sexuel. 2. Illusion délirante d’être aimé. Robert.

ESPERLUETTE : &. Vingt-septième lettre de l’alphabet ayant sombré dans l’oubli, l’& arrivait après le Z. Régine Detambel explique dans La Comédie des mots, p.73: « A près le z, les élèves, depuis le Moyen Âge jusqu’au XIXe siècle, ânnonèrent l’alphabet en ajoutant donc & qu’ils prononçaient à la latine, ète. Imaginez une fin d’alphabet du genre ixe, igrec, zède, ète. » Ce caractère remplaçait la conjonction « et » et la locution « et caetera », « &c ».

ESTOMPAGE : « procédé par lequel l’auteur cherche à donner à la réalité un aspect vague » (H. Morier). Contraire de la tendance réaliste de l’HYPOTYPOSE.

ETHOPEE : portrait moral. Fontanier : « description qui a pour objet les mœurs, le caractère, les vices, les vertus, les talents, les défauts, enfin les bonnes ou les mauvaises qualités morales d’un personnage réel ou fictif. » (vs. PROSOPOGRAPHIE).

ETHOS (à vérifier) : image que l’on donne de soi.

EUPHEMISME : adoucissement. Expression atténuée d’une notion dont l’expression directe aurait quelque chose de déplaisant.

EXFOLIER : détacher par feuilles, desquamer.

EXPLETIF : vide de sens. Qui sert à emplir la phrase sans être nécessaire au sens.

EXPOLITION : figure consistant dans la réexposition plus vive, plus nette, d’une pensée. Procédé impressionniste des retouches successives.


EXTRACTION : procédé de l’emphase reposant sur l’outil : « c’est… que / qui », produisant insistance et mise en relief.