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Idées de sujets d'écriture ou "propositions d'écriture"*
pour l'atelier d'écriture

 

NB: Les très nombreux sujets d'écriture puisés dans le remarquable: Tous les mots sont adultes, de François Bon, sont destinés à vous inciter à vous précipiter sur cet ouvrage, et non, bien évidemment, à s'y substituer. (Idem pour ceux inspirés par Espèces d'espaces, de Georges Perec, ou dans Babel heureuse, d'Alain André, livre épuisé, mais disponible uniquement à la bibliothèque municipale Edmond Rostand, dans le 17ème, à Paris...

NB bis: Pour ne pas trahir la démarche de François Bon, si je ne présente dans cette page que des "recettes" d'écriture, sans approche littéraire, sans dialogue, et en ne mentionant pas les conditions pratiques de mise en oeuvre de l'atelier d'écriture, c'est parce que, étant novice, je ne suis pas encore en mesure de développer ces points. Mais je le ferai dès que possible...

*Alain André et François Bon préfèrent parler de "propositions d'écriture", dans les ateliers qu'ils proposent hors du cadre scolaire, mais ma déformation professionnelle d'enseignante m'amène plus naturellement à parler de "sujets d'écriture". Je proposerai cette année la plupart de ces sujets à des groupes de 9 élèves, en grande difficulté, et qui n'ont pas choisi de participer à l'atelier d'écriture. Celui-ci leur est imposé, en guise de soutien, et s'intègre à leur emploi du temps. Je ne manquerai pas de noter sur ce site les résultats obtenus.



Cliquez sur le livre pour découvrir le site de F. Bon
(Photographie presse libre de droits , mention obligatoire © Philippe Matsas / Opale 2006)

 

Babel heureuse, d'Alain André, ed. Syros Alternatives

 

 

1-De l’inventaire au calligramme

Cf. Graveurs d’enfance de Régine Detambel, citée par François Bon, dans Tous les mots sont adultes, p.225

• Faire l’inventaire de son sac (sans l’ouvrir) en énumérant tous les objets qu’il contient, y compris (et surtout) ceux qui ne sont pas scolaires). On peut également faire l’inventaire de tout ce qui pourrait s’y trouver, en laissant libre cours à son imagination (finir par des choses invraisemblables).
• Reprendre chaque mot, en allant à la ligne à chaque objet, et en développer la description pour lui créer une histoire et lui donner un épaisseur : description, usure, où on l’a acheté, avec qui, quand, dans quelles circonstances, y tient-on, pourquoi ?... Cf. sujet d’écriture 28-Le parti pris des choses
• Choisir l’un de ces objets : -Chercher 10 mots ayant la même sonorité
-Chercher 10 synonymes ou mots appartenant au même champ lexical que ce mot.
-Chercher 10 verbes exprimant une action que l’on pourrait faire avec cet objet.
• Rédiger un poème (en prose) utilisant le plus grand nombre possible de ces mots ainsi que la phrase déjà écrite sur cet objet, pour en raconter la « vie », depuis sa découverte / achat / rencontre jusqu’à maintenant.
• Faire un calligramme de ce poème.

Reproduire cet exercice d’écriture en début, en milieu et en fin d’année scolaire, et mettre les poèmes obtenus en vis-à-vis.


2-Faire l’inventaire de tous les lits et lieux insolites dans lesquels on a dormi. (Entre 5 et 10)

cf Perec, Espèces d’espaces
La typologie des chambres à coucher (p.48) peut servir d’anamnèse : mes chambres, dortoirs, cambres d’amis, couchages de fortune, maisons de campagne, de location, chambres d’hôtel, conditions inhabituelles (train, avion, voiture, camping, hôpital)… à la belle étoile.
Insister sur les sensations liées à chacun de ces lieux.
Sur l’inventaire des lieux où l’on a dormi, voir François Bon, Tous les mots sont adultes, p.20. On peut, pour procéder à cet inventaire, suivre différentes méthodes : chronologie exacte, chronologie inverse, commencer par les lieux qui nous ont le plus marqués, ne retenir que les lieux où l’on n’a dormi qu’une fois.
En situation d’illettrisme, on peut se contenter d’accumuler les simples noms de lieux, puis noter oralement le commentaire lié à chaque nom. (p.22)
On peut insister sur une odeur, une lumière, la disposition des lieux, ne conversation, un détail… cic Espèce d’espaces p.24.

3-Une chambre

François Bon, Tous les mots sont adultes, p.27
Choisir une chambre parmi toutes celles qu’on a eues. Celle que les élèves ont maintenant, ou, de préférence, « celle où une fois ils ont eu plus de bonheur », ou une chambre inventée.
Inventorier « toutes les différentes manières qu’on peut avoir d’en parler. Ce qu’on voit de la fenêtre, quand on s’y est perdu au milieu de la nuit. Les cachettes qu’on s’y faisait. Les saisons. Les bruits, bruits de la journée quand on y est mais qu’on ne devrait pas y être, les bruits du dimanche, les bruits de la nuit. » (p.28)

4-L’appartement : définition de chaque pièce

cf Perec, Espèces d’espaces
a) Structure à respecter: « Une chambre, c’est une pièce dans laquelle…, une salle à manger, c’est une pièce dans laquelle …, un salon…, une cuisine..., une salle de bains…, une entrée…, une chambre d’enfants…, [une chambre de parents…, un cagibi…, une terrasse… / un balcon…, un garage…, une cave…] »
b) Chez moi, il y a…
c) Imaginer une pièce (inutile (p.66)) qui n’existe pas, en décrivant sa fonction.

5-Activités quotidiennes / emploi du temps d’un jour ordinaire

cf Perec, Espèces d’espaces, p.59-62
a) Recenser ce que l’on fait dans une journée de classe /sans classe, en notant à quelle heure démarre chaque activité.
b) Recenser (en faisant appel à son imagination si nécessaire) ce que font tous les membres de la famille dans l’appartement, en notant à quelle heure démarre chaque activité.

6-Verbes du quotidien

cf Perec, Espèces d’espaces, p.70-71 : déménager / emménager
a) Raconter à travers une simple énumération de verbes à l’infinitif toutes les actions que l’on accomplit au cours d’une journée au collège.
b) Même chose pour une journée en famille (en vacances ou en week-end).
c) Même chose pendant un jeu.

7-Inventaire des inventaires
François Bon, Tous les mots sont adultes, p.31
Répertorier tout ce qu’on peut inventorier : l’ensemble de ce que chez soi on range, l’inventaire des clés, toutes les portes dont on se souvient, liste chronologiques des occasions qu’on a eues de gagner de l’argent, fenêtres (ouvertes ou fermées ? p.52)

6-Murs
Tardieu : « Etant donné un mur, que se passe-t-il derrière ? »
cf Perec, Espèces d’espaces, p.77

7-La rue
cf Perec, Espèces d’espaces, p.93-102
a) Définir la rue et sa fonction.
b) Faire l’inventaire de tout ce que l’on peut voir dans la rue (chaussée, mobilier urbain, véhicules, objets divers…)
c) Aller observer des passants. Noter tout ce qui nous vient à l’esprit en les voyant.
Cf l’ « écriture de cueillette » de Kurt Scwitters ou Perec, dans Babel heureuse, p.104.
d) Imaginer où ils vont, ce qu’ils font, à quoi ils pensent. « Les gens de la rue : d’où qu’ils viennent ? Où qu’ils vont ? Qui qu’ils sont ? » Perec, p.104.
François Bon, Tous les mots sont adultes, p.37: reconstruire mentalement une rue de son enfance, sans faire allusion à l’usage personnel qu’on en faisait. Cette reconstruction peut reposer sur une anaphore en « il y a », « il est », « on voit »… (ou « je revois »)
« L’important c’est que la narration s’établisse sur une perception en mouvement » (p.41)
Faire rédiger à chaque élève sa perception du trajet allant de la rue Le Vau (en partant du collège) à la place de la Porte de Bagnolet, en passant par le boulevard Mortier. Confronter les différents points de vue.

8-La ville
cf Perec, Espèces d’espaces, p.119
a) S’intéresser à tout ce qui fait que la ville est ville (et non campagne), sans oublier les habitats, les monuments, les institutions, les espaces verts…
b) Parler de sa ville. Décrire ce q’on y trouve, s’attarder sur ce qu’on y aime.
c) Imaginer sa vie à la campagne, en n’employant que des verbes au conditionnel. (ou des infinitifs)
d) Présenter sa ville d’aujourd’hui comme si c’était un rêve d’il y a 30 ans. Calvino, Les Villes invisibles, cité dans François Bon, Tous les mots sont adultes, p.86.
e) Imaginer toutes sortes de villes : des villes de gauchers, des villes tout en confiseries, des villes sans écoles, des villes où les habitants sont classés par âge, des villes transparentes ou mobiles… Ibid p.87 Donner pour nom à la ville un prénom ou un anagramme de son propre nom.
f) Rédiger un texte en 2 colonnes : « d’abord, on liste les villes qu’on connaît, loin ou pas, en tâchant d’en dégager la structure, la géométrie, la représentation qu’en donnerait un voyageur venu d’encore bien plus loin que nous […]. Et seconde colonne, partir des mêmes structures de texte, mais cette fois les laisser évoluer pour une ville inventée. » Bon p.90-91.

9-La ville de l’enfance en sépia

François Bon, Tous les mots sont adultes, p.245
Noter 5 ou 6 lieux spécifiques de notre enfance, qui nous semblent avoir une valeur un peu magique et énigmatique (la boulangerie, l’épicerie, le coin pour enfants de la bibliothèque, le square, les vestiaires de la piscine, le cinéma, un parking…). Ne pas décrire ces lieux, mais « noter en quelques lignes très brèves ce qui est pour nous le reste visuel de ces lieux, ce qui émerge principalement comme image fixe. »
Ensuite, noter pour ces mêmes lieux, une petite histoire anecdotique, un très bref récit qui s’y rattache en nous y impliquant.

10-La ville par la vitre : en métro ou en bus

François Bon, Tous les mots sont adultes, p.67: l’accumulation, la linéarité du dire devient le poème. Faire se succéder les différentes images / observations (phrases nominales ou non verbales) entre tirets. Il s’agit de « déplier ce qui, du réel, s’est invisiblement superposé par strates dans le mental, où l’œil s’accroche par un détail (« linge rose qui sèche ») où nous-mêmes élisons ce qui nous importe dans le réel. » (p.68)
Au lieu des tirets, on peut abolir la ponctuation et insérer des blancs, à la manière de Roubaud, entre les différentes images, pour donner une impression de simultanéité. p.94
On peut également partir d’une photographie vue d’avion (ou de satellite) de sa ville, et noter ses impressions et observations (organisation de l’espace, disposition des éléments bâtiments, monuments, architecture urbaine, couleurs, densité, circulation…)

11-Le portrait araucan d’une ville qu’on aime
Cf Vendredi ou la vie sauvage, de Tournier
Faire le portrait Araucan en dix touches d’une ville qu’on aime en développant des comparaisons / métaphores :
Ex : « Si c’était un animal/ une couleur / un son / un parfum / un prénom / un monument…, ce serait… à cause de / en raison de / car… »

12-Trajets et promenades rituelles

François Bon, Tous les mots sont adultes, p.55: refaire en pensée une promenade rituelle de son enfance (« l’enfance, c’est toujours ce qu’on n’est plus ! » p.47, =trajet agréable) ou de son adolescence (trajet parfois minime) ou un trajet du quotidien, de chez soi une fois la porte close au franchissement du portail du collège (p.71, = trajet utile) => description itinérante.
« C’est la forme qui compte la capacité à jouer de diapositives fixes et isolées, à séparer et couper, à animer le texte par cette suite d’éléments chacun levés comme une surface fixe. »
a) Pour que le locuteur se retire de son texte, suggérer l’emploi du pronom « on » pour des notations pourtant personnelles.
« Décomposer ce trajet réel en éléments simples, qui permettent que chaque phrase s’écrive comme si la précédente n’avait pas existé, et comme si rien n’allait suivre immédiatement celle-ci. » (p.59)
Suggérer l’emploi de phrases au présent, sans propositions relatives ni circonstancielles, en sautant d’une image fixe à une autre.
b) On peut ensuite introduire un narrateur fixe, immobile dans son texte. « Chaque phrase commencera par ce « tu » par quoi le narrateur, en s’interpellant lui-même, s’inscrit dans son propre texte. Il n’y aura pas de liaison exprimée d’un paragraphe à l’autre, et le pliage d’une grande feuille de format A3 en 9 cases égales sera une nouvelle fois une bonne aide. » (p.61)
c) Dresser une liste des lieux extérieurs du quotidien (p.61), et trouver pour chacun des vues immobiles du dedans vers le dehors, en imposant qu’il y ait toujours un cadre (une fenêtre, une visière de casque, la ligne d’un arrêt de bus, la porte de sortie d’un magasin) et un peu de ciel. Trop difficile au collège.
d) Réfléchir à « tous les lieux où on est immobile, même provisoirement, mais de façon répétitive dans le quotidien, pour regarder la ville » (p.64) (arrêt de bus, feu rouge, banc, queue à la boulangerie, devant une porte pour prendre sa clé…)

13-Zoom sur un moment du quotidien (à la ville)

cf Perec, Espèces d’espaces, p.140
a) Décrire avec minutie toutes les opérations que l’on effectue quand on prend le métro / le bus.
b) Décrire avec minutie toutes les opérations que l’on effectue au cours d’un repas à la cantine depuis la première sonnerie jusqu’à ce qu’on se range dans la cour, avant la reprise des cours. / idem pour un repas à midi à la maison pour les externes.
c) Décrire avec minutie toutes les opérations que l’on effectue au cours d’un dîner familial.
d) Prendre les 7 derniers jours écoulés et isoler de chaque jour un des instants qui se répètent au quotidien. Décrire cette image avec brièveté (micro - narrations de 5 lignes maxi), et ce qu’on ressent comme un objet singulier. Proposer que l’un de ces 7 fragments soit inventé, sans qu’on puisse le deviner. Chacun lit ensuite jour par jour ce qu’il a fait. Faire circuler la lecture de tous les participants, pour chaque jour, le plus vite possible. François Bon, Tous les mots sont adultes, p.98

14-Rituel familial

François Bon, Tous les mots sont adultes, p.240
« Isoler une tranche singulière de réel, soumise à répétition par des lois qui lui sont extérieures » : grande réunion de famille (repas), départ en vacances, 14 juillet, Toussaint, fête de Noël, fête religieuse, réveillon, mariage, enterrement, manifestation / compétition sportive…
Quelles sont les images – pivots ? La page devient le théâtre de ce rituel familial.
Chaque fragment de rituel doit donner lieu à un nouveau paragraphe (5 ou 6 au total), même très court, en terminant chaque paragraphe sur une image fixe. L’ordre peut ne pas respecter la chronologie.

15-Je n’aimerais pas… mais parfois si

François Bon, Tous les mots sont adultes, p.36, ed. Fayard
Rédiger un texte de dix à quinze vers sur la structure suivante, en alternant les 3 propositions à sa guise :
« Je n’aimerais pas… mais parfois si
« J’aimerais… mais parfois non
« J’aimerais… mais pas toujours »

16-Dire la nuit

François Bon, Tous les mots sont adultes, p.81
Dire la nuit vue d’une fenêtre de cuisine ou d’un balcon de chambre, d’un bureau, perspective d’une place de gare, lumières d’une rue la nuit… bruits de la nuit dans l’appartement et à l’extérieur. Superposer une description diurne à cette description nocturne. Dire pourquoi on est spectateur de nuit, pour quelle raison on ne dort pas s’il est tard.
Prendre une série de lieux ordinaires, personnellement importants, et mettre en vis-à-vis, sur deux colonnes d’une feuille séparée verticalement, ce qu’ils sont le jour et ce q’ils sont la nuit. (p.83)
(Décrire la rue du collège de nuit, et les impressions liées au fait de s’y trouver ensemble, au retour du théâtre.)
Contrainte d’écriture : PC avec avoir. (p.85) ou enchaînement de participes passés s’emboîtant sans chronologie. Une seule phrase tenue par des points-virgules.

17- Mythes modernes

François Tous les mots sont adultes, p.109
Imaginer un court récit mythologique du monde contemporain à partir d’un logo de marque figurant sur des baskets ou un sweat. Rédiger 4 versions dont une première qui est concise (en 5 lignes) et qui se termine par la formule : « Reste l’inexplicable… »
Raconter sa propre histoire comme un mythe (car on est toujours à soi-même inexplicable).
On peut inventer une étymologie.
Alain André, Babel heureuse, p.111 & sqq. : exploration et transposition du mythe d’Ulysse et Pénélope.


18-Table des matières de Seî Shonagon

François Bon, Tous les mots sont adultes, p.115. Ecriture collective.
Seî Shonagon, japonaise écrivain de l’an 1000.
a) Table des matières annonçant des listes de choses : « choses qui ne servent à rien mais éveillent un doux souvenir du passé… choses qui ne sont bonnes à rien, choses qui distraient dans les moments d’ennui…» Chacun peut choisir son intitulé et commence sa liste, puis on échange les listes, et les différents participants les complètent.
b) Choses désolantes, choses détestables… « On va proposer l’inventaire de tout ce qui, grands ou petits événements, remarques, conversations, impolitesse qui, dans la vie quotidienne, la dernière quinzaine nous a mis en colère. » Il faut s’expliquer par une scène ou une figure concrète, et non s’en tenir à de grands mots comme « injustice » ou « racisme » (p.116)

19-Le patronyme

Alain André, Babel heureuse, p.117 : écrire sur son patronyme, en suivant l’histoire de sa relation intime avec lui (surnoms, déformations, acceptation ou refus).

20-Les ancêtres, les origines

François Bon, Tous les mots sont adultes, p.117
Même si notre savoir est lacunaire, on va évoquer ses 4 grands-parents et 8 arrière-grands-parents, (et arrière-arrière si possible) en insistant sur un aspect qui nous paraît essentiel ou symbolique : un lieu, une profession, le trajet d’une migration, une parole rapportée, une spécialité culinaire… à travers différents versets qui ramasseront avec force une silhouette ou un être en une ligne (Saint-John Perse) Ex de structure :
a) « L’orpheline de la campagne, bonne cuisinière et courageuse, je l’ai à peine connue.
« L’ouvrier à la salopette bleue et parlant peu, mort d’un arrêt du cœur, je l’ai très peu connu…
« … je ne l’ai jamais connu / je l’ai un peu connu. »
b) Anaphore : « Celui qui / Celle qui… »
On peut associer b) + a)
c) Choisir l’un des ancêtres et pratiquer un zoom en rédigeant un texte à la deuxième personne du singulier, au présent de l’indicatif, en changeant de référent temporel à chaque paragraphe (p.125)

21-Récit de naissance

Alain André, Babel heureuse, p.137 : entreprendre le récit de sa naissance en mêlant deux voix contraires : « la première tente une reconstitution aussi précise et minutieuse que possible, tandis que la seconde sans cesse interrompt ou commente l’entreprise. »


22-Les sens en éveil

Vocabulaire des 5 sens : cf manuel Expression 6e/5e Magnard, p.32
François Bon, Tous les mots sont adultes, p.144 (Novarina)
« Le narrateur est immobile. Il note, dans un temps délimité, l’ensemble de ce qui parvient, de façon discontinue, aux cinq sens. [à chaque déclenchement, noter la perception dominante : ce qu’on voit, ce qu’on entend, ce qu’on sent…] C’est un exercice qu’on peut proposer aux participants de faire par deux, un qui dicte et l’autre qui écrit, en alternance, celui qui dicte pouvant même fermer les yeux pour se concentrer sur les seules perceptions auditives. » Exercice qui peut se faire dans une galerie de centre commercial, dans un square, sur une place, en déambulant dans le collège (dans les lieux interdits, si le Principal l’autorise, p.148), en notant les bribes de paroles entendues.
Possibilité de noter les heures auxquelles les observations sont notées.

23-Epitaphes

François Bon, Tous les mots sont adultes, p.156. Explorer un cimetière (le Père-Lachaise) et ses épitaphes. Rédiger sa propre épitaphe, en commençant par « Ci-gît » ou « Ici repose ».
Pierre Frenkiel, dans 90 jeux d’écriture : Faire écrire un groupe, ed. Chronique sociale, p.126, propose de procéder en 3 étapes :
1) Rédiger un court texte en écriture spontanée, très vite, sur une grande feuille.
2) Extraire 10 mots du texte ainsi obtenu.
3) Rédiger sa propre épitaphe en y incluant ces 10 mots imposés.
NB : les règles ne sont énoncées qu’au fur et à mesure.


24-Dire la souffrance extrême et secrète

François Bon, Tous les mots sont adultes, p.162
« Se consacrer mentalement sur un instant, quelques secondes, quelques minutes, quelques heures, où on n’était plus maître de soi-même, pour une raison qu’il n’appartiendra à personne de savoir. Et décrire avec précision tout ce qui se passait entre le mental et les limites de notre corps. » (Se sont les manifestations physiques et morales de la douleur, qui comptent, et non leur cause. Le fait de ne pas la connaître confèrera davantage de poids au texte.)
On peut écrire sans ponctuation, avec l’usage exclusif du tiret, par exemple (Artaud, Flaubert), afin que l’écriture n’établisse aucune hiérarchie.
Proposer une lecture orale.

25-Musée du rêve

François Bon, Tous les mots sont adultes, p.170
(Recueils de rêves : Freud, Richter, Perec, Baudelaire, Nerval, Kafka, Breton, Swedenborg…)
« Les rêves qui marquent sont vraiment très rares : deux ou trois fois l’an ? Mais semblent alors harponnés dans la tête avec une force de mémorisation surprenante : n se souvient avec précision de rêves très anciens. » (p.172)
a) Typologie de rêves : « rêves d’envol et de chute et pourquoi, rêves de paralysie et pourquoi, rêves de poursuite, rêves où on est nu, rêves de dents, de terre ou de feu… rêves de réveil… de morts… » Chacun inventorie la liste très limitée de ses rêves récurrents (ceux dont on sait en les faisant qu’on les a déjà faits)
b) Construire un musée du rêve : lui attribuer un lieu, une architecture intérieure et extérieure, des guides pour la visite, un mode de déplacement à l’intérieur du musée, d’une salle à l’autre, les différentes salles, les « objets » exposés… Raconter une visite type, et/ou imaginer un tract proposant un programme de visite bien précis. (p.173)
c) Arrêt sur image : choisir l’un de ses rêves les plus récurrents, se repasser mentalement le « film », et l’immobiliser un instant face à soi (p.174) : examiner le décor et les lieux, se tourner latéralement pour explorer ce qui est au bord du champ visuel. S’il y a une porte ou une fenêtre, essayer de voir ce qu’il y a derrière. Quel âge a-t-on dans ce rêve ? Quel visage a-t-on ? Se reconnaît-on ? Voit-on ses mains ? Quelles couleurs ?
d) En situation d’illettrisme, apporter des tableaux : Magritte, Klein, Bosch, Les Mystères de Harris Burdick de Chris van Allsburg. (p.177)

26-Autoportrait

TDC sur l’Autoportrait, n°853- 1er avril 2003
François Bon, Tous les mots sont adultes, p.188
Portrait-robots : 14 000 combinaisons.
Vocabulaire du portrait : voir le manuel Expression 6e/5e Magnard, p.52
a) Se décrire d’après une photo de photomaton. Partir de cette image simple, et la déformer, outrer les traits, à la manière de Bacon
b) Prendre une photo de soi qu’on aime, y superposer un transparent et s’écrire dessus, en utilisant le pronom « tu », (ou « vous » + imparfait) en suivant ou non les contours du visage.
c) Se décrire à travers un dialogue avec soi-même, comportant des fragments descriptifs. La parole tente de dire son propre visage, en hésitant, en s’interrogeant
d) Autoportrait dépréciatif, avec des notations subjectives suivant chaque observation objective à la manière de Leiris (début de l’Âge d’homme)
e) Imaginer un portrait parallèle, un face-à-face de deux visages, en alternant, comme on se parle à deux voix, les phrases portant sur un visage et puis l’autre (Bon p.192)

27-Ecrire d’après une photographie qu’on a faite soi-même

François Bon, Tous les mots sont adultes, p.211
S’appuyer sur la narration des circonstances, la prise de vue, le cadre, le premier / l’arrière plan, pour que le cliché soit décrit et comme fixé au cœur d’un texte narratif, « comme un arrêt provoqué du temps et du mouvement »
Les photographies peuvent amener à décrire des décors, des objets en gros plan ou qui se détachent, des portraits, des groupes de personnes (insister sur les sentiments ou tensions qui les unissent)
Ex d’improvisation théâtrale : un acteur décrit une photographie qu’il voit (mentalement) au public qui ne la voit pas mais doit pouvoir se la représenter. Les émotions doivent monter progressivement.

28-Le parti pris des choses

Ponge prend « l’objet même comme but et lieu de l’écriture »*, il s’immerge dans l’objet et lui confère une épaisseur propre. Ponge : « Ô ressources infinies de l’épaisseur des choses, rendues par les ressources infinies de l’épaisseur sémantique des mots ! » (« Introduction au galet », Le Parti pris des choses)
Proposer aux élèves 2 ou 3 de ses poèmes en prose : le pain, l’orange, le cageot, la porte, le galet (cic p.217)…
*François Bon, Tous les mots sont adultes, p.215
Bon : « La seule règle : épouser la réalité, la serrer au plus près. Voyager à l’intérieur de l’objet. » (p.216) « L’objet peut être élémentaire (la montre, le crayon), ou purement géométrique (l’alliance), à nous de prouver q’en écrire soit possible. » p.219
Cf Sujet d’écriture 1-De l’inventaire au calligramme
Le sujet peut porter sur un objet de l’enfance que l’on ne possède plus, en évoquant les sensations liées aussi bien au nom de la chose qu’à la chose elle-même. Bon p.221.

29-Se lire, rythmer ses écrits

François Bon, Tous les mots sont adultes, p.238
Reprendre le texte produit à la séance précédente. Souligner les mots pivots, et ne lire que quelques mots pivots, charnières. S’interroger sur leur signification. Lire ensuite des bribes de phrases essentielles. Puis lire le texte entier afin d’en ressentir le rythme.

30-Ecrire le théâtre

François Bon, Tous les mots sont adultes, p.249
a) Commencer par décrire une salle, un lieu de représentation vide (exercice à mener, si possible, dans un théâtre). S’il est possible d’ déambuler, décrire les fauteuils, les loges, les rampes, les coulisses…

b) Imaginer comment procéder pour transformer un lieu ordinaire (salle de classe) en lieu de représentation, avec un espace scénique, un espace réservé aux comédiens et un espace pour le public.

c) Ecrire un court dialogue absurde, en 6 répliques : le cadavre exquis « QRAAOE » de P. Frenkiel, 90 jeux d’écriture : Faire écrire un groupe, p.69 :
A : Q : Poser une question, puis plier la feuille pour la cacher. Faire passer la feuille.
B : R : Rédiger une réponse. Idem.
A : A : Rédiger une assertion (phrase déclarative négative ou positive). Idem.
B : A : Rédiger une deuxième assertion. Idem.
A : O : Exprimer un ordre. Idem.
B : E : Terminer par une phrase exclamative.
Mettre toutes les feuilles pliées en tas. En tirer une et la lire à deux voix / personnages : A et B.
NB : Exercice à proposer après avoir revu les types et formes de phrases.

d) Rédiger les didascalies (et uniquement les didascalies) d’un cours, ou d’une scène familiale du quotidien.

e) Construire la fable de chacun des personnages qui sera mis en scène (Bon, p.275 cf aussi Dulibine et Grosjean, Coups de théâtre en classe entière, CRDP de Créteil). Ecrire ensuite pour chaque personnage un très court monologue, ou soliloque, sur des idées convenues, afin de déterminer sa manière de s’exprimer.

f) Au lycée ou en 3ème : Rédiger un (son propre) monologue intérieur, en soulignant une tension mentale qu’on examine, sans contrainte de durée extérieure. Bon : p.266. On y posera « Une question sur l’homme en général, posée à partir du questionnement de soi. » (p.271)

31-Tout le monde… moi seul 

Alain André, Babel heureuse, p.56 : sujet inspiré d’un poème de Tao Tö King : Ecrire « Tout le mode… » et développer cette phrase. Lorsque l’écriture s’arrête, commencer une phrase par « Moi seul… ». Recommencer sur ces deux anaphores. Mettre en place cette alternance, qui s’apparente à une litanie.
Confier à son voisin, qui est invité au plus absolu respect. Aucune correction des maladresses ou scories d’orthographe. Puis il le relit à la lueur des questions osées par l’animateur. Tous les éléments de réponses sont notés sur une feuille à part, puis les lecteurs font part de leurs observations aux auteurs.

32-Incipit

Alain André, Babel heureuse, p.62 : S’engager dans l’écriture d’un début de récit, en composant d’abord un incipit (= une première phrase) qui peut être issue d’une foule de situations : réveil, extrait de chanson, regard porté sur un objet ou une image, réminiscence… Commencer par lire un certain nombre d’incipit très variés.
Une fois l’incipit composé, rédiger la moitié d’une fiction brève d’une à deux pages, en 10-15 minutes. Puis recopier ou photocopier le texte et le passer à ses voisins de gauche et de droite. Chacun écrit ses deux suites, de manière à ce qu’un auditeur non prévenu ne puisse pas dire à quel endroit se produit le changement d’auteur.

33-Les possibles narratifs

Alain André, Babel heureuse, p.180 : fonctionne sur la base de cartes, dont on trouve des exemples dans le numéro spécial de l’Ecole des Lettres de mars 1993, « Ateliers d’écriture », p.105-108, sur les robinsonnades. Cf. Textes combinatoires dans les Jeux d’écriture.
Il serait intéressant de travailler les possibles narratifs à l’aide de cartes heuristiques.